Il y a cent ans, de nombreux prix lancés par de richissimes particuliers ou des entreprises récompensaient les personnes qui réussissaient un défit particulier dans le domaine de l'aéronautique. Avec l'Ansari X-Prize, c'est la même démarche qui est relancée, mais dans le domaine des vols spatiaux habités.
"Héla !" Me direz-vous, "Cela fait longtemps que le vol spatial habité est possible !". C'est exact, depuis le premier vol de Youri Gagarine, en 1961, le vol spatial habité n'est pas une nouveauté. Mais peut-on pour autant dire que l'homme maîtrise les technologies du vol habité ?
http://techno-science.net/illustration/Espace/Ansari_X_Prize/Logos/art_004_bg.jpgLe vol spatial: un domaine loin d'être maîtrisé
La Navette spatiale américaine était censée banaliser le vol spatial, mais les deux accidents de 1986 et 2003 nous ont rappelé à quel point cet engin était avant tout fragile et complexe. Pour corser la difficulté, son coût de mise en oeuvre est très élevé.
http://techno-science.net/illustration/Espace/Ansari_X_Prize/Navette/nav01.jpgLes russes disposent du Soyouz. Nettement plus rustique, sa technologie ancienne n'en est pas moins mature et le dernier accident mortel de l'engin remonte à 1971. Depuis cette date, de nombreux vols ont été réalisés, des incidents sont intervenus au début des années 1970, mais le vaisseau est toujours parvenu à rentrer sur Terre avec son équipage sain et sauf. Malgré sa fiabilité, Soyouz reste cher (20 millions de dollars par vol) et n'est absolument pas réutilisable.
http://techno-science.net/illustration/Espace/Ansari_X_Prize/Soyouz/s02.jpgUn cahier des charges privilégiant la simplicité d'exploitation
L'idée du concours Ansari X-Prise, créé en 1996 par la famille texane Ansari qui se trouve être le principal organisateur et financier, est donc de repartir sur de nouvelles bases: il s'agit de créer des solutions moins coûteuses et rendre ainsi le vol spatial plus accessible. D'un point de vue astronautique, ce qui est demandé par le X-Prize n'est autre que le minimum: 100 km d'altitude, la limite officielle entre le domaine aérien et spatial. Il s'agit donc de faire le strict nécessaire pour que le vol puisse être qualifié de spatial, très loin en deçà du premier vol de Youri Gargarine pour ne citer que lui. Toutefois, l'appareil utilisé devra être apte à transporter 3 personnes dont deux passagers.
En revanche, le règlement du prix donne un cahier des charges nettement plus exigent en ce qui concerne la facilité de mise en oeuvre de l'engin. Il est en effet nullement question de faire une fusée et une capsule qui seraient rendues inutilisables à l'issue du vol et qui ne pourraient donc servir qu'une fois ! Pour gagner le X-Prize, il faut que l'appareil soit réutilisable à 90 % au minimum, et apte à revoler en moins de deux semaines. La première équipe qui parviendra à réaliser l'exploit se verra remettre la somme de 10 millions de dollars.
Ce qui se cache derrière le concours Ansari X-Prize est bien entendu l'exploitation commerciale de vols habités avec notamment le tourisme spatial. Les constructeurs les plus avancés dans la compétition promettent des tarifs d'environ 100 000 $ par vol, prix qui seraient baissés à 10 000 $ après l'amortissement des coûts fixes (conception, fabrication et tests de l'engin).