La monture EM-200
Bien connue des amateurs, cette monture équatoriale de type allemand, construite par Takahashi, répond enfin à mes exigences. Au design flatteur, cette monture de couleur vert pâle, révèle, une fois sur le terrain, toutes ses promesses.
http://www.groupeastronomiespa.be/astrotestcn212a.jpgTout d'abord, la mise en station s'exécute avec précision en quelques minutes grâce à un viseur polaire de qualité monté dans l'axe polaire et un système de mise à l'horizontale original. Les moteurs pas à pas, totalement intégrés dans la monture, sont très silencieux et d'une qualité de suivi irréprochable. Mon expérience montre qu'une étoile placée au centre d'un oculaire réticulé de 12mm (220x) restera pendant une vingtaine de minutes bien au centre de l'oculaire.
http://www.groupeastronomiespa.be/astrotestcn212b.jpgPour ce qui est de la stabilité, rien à redire ! Même avec des amplifications de l'ordre de 300x, un vent faible n'implique aucune vibration notable et une légère tape sur le tube s'amortit en deux secondes… bref, avec ses 16 kg et les deux contrepoids de 5kg chacun, c'est du costaud !
Le tube optique
Le tube optique d'une longueur de 855 mm et d'un diamètre extérieur de 243 mm, pèse environ 8,5 kg. Ce même tube, émaillé blanc, est équipé (comme son grand frère le TSC 225 et les télescopes de la série Mewlon), d'un chercheur 7x50 avec réticule éclairé ayant un champ de vision de 6,3°. Solidement fixé au tube optique, il fait également office de poignée de transport… ce qui ne manque jamais d'étonner quand on connaît la facilité avec laquelle ces petites lunettes se dérèglent généralement ! Les barillets des miroirs primaire et secondaire sont en fonte d'aluminium peinte en vert clair.
http://www.groupeastronomiespa.be/astrotestcn212c.jpgLe miroir primaire parabolique est en pyrex, d'un diamètre utile de 212 mm et est surdimensionné (diamètre réel : 222 mm) afin d'éviter tout vignettage. La précision de surface atteint au minimum lambda sur 20 (un certificat de qualité est fourni avec l'instrument) et les aluminures sont dotées d'un traitement à haute réflectivité. Ce même miroir est surmonté d'un baffle contenant une dizaine de diaphragmes internes qui empêchent toute lumière parasite d'atteindre l'oculaire, ce qui améliore encore le contraste.
La mise au point s'effectue à l'aide d'une molette de réglage entraînant la translation du miroir primaire en avant et en arrière dans le barillet. Le " shifting " (léger déplacement de l'image) que ce type de mise au point entraîne, et bien connu dans le cas des télescopes Schmidt Cassegrain, est faible.
Deux télescopes en un
Mais la grande particularité de ce télescope, qui le rend tout à fait unique, est que le système optique peut être configuré de deux façons différentes par changement du miroir secondaire, le faisant approcher du télescope " universel ". Cela permet en effet d'obtenir, dans un premier cas, un télescope à longue focale pour faire de la haute résolution sur les planètes et, dans l'autre cas, un télescope à courte focale pour l'observation des objets faiblement lumineux du ciel profond avec un grand champ.
Par simple remplacement du miroir secondaire, on passe donc d'une configuration optique à l'autre. Avec un peu de pratique, l'interversion des miroirs secondaires ne prend que quelques minutes.
Test sur le ciel
Cassegrain
Mon domaine de prédilection étant les planètes, j'ai jusqu'à présent utilisé principalement mon CN-212 en configuration Cassegrain avec des oculaires Takahashi de type " long relief d'œil " et Televue de type " Nagler ". En haute résolution, le CN-212 révèle toute sa quintessence.
Avec l'hiver, arrivent les longues nuits sombres et froides, à l'atmosphère calme et souvent propice aux observations planétaires. Cette année, la mécanique céleste nous gâte et les planètes géantes Jupiter et Saturne passent à l'opposition très haut dans le ciel, loin de la turbulence et de la brume. Après une mise à température relativement longue (environ une heure), le CN-212 est opérationnel.
A l'oculaire, Saturne dévoile toute sa splendeur et, avec des amplifications allant de 220x à 350x, la planète est parfaitement tranchée sur le ciel, la division de Cassini est évidente sur tout l'anneau ainsi que l'anneau intérieur C; aux anses, la division de Encke fait de furtives apparitions ! Sur le globe, la traditionnelle bande équatoriale semble se scinder en deux de manière irrégulière.
Sur Jupiter, avec des grossissements variant de 220x à 525x, les bandes nuageuses révèlent toutes leurs richesses. Des milliers de détails inextricables surgissent, des tempêtes se dévoilent sous la forme de taches blanchâtres, ainsi que des nuages roses, bruns, blancs. Bientôt, toute la palette des couleurs se dévoile dans l'atmosphère jovienne comme la surprenante " grande tache rouge ". Quand un satellite passe devant le disque planétaire, c'est un petit point blanc bien résolu par le CN-212 accompagné de son ombre que l'on peut voir défiler sur les nuages… émotions garanties, Takahashi remplit son contrat ! Devant de telles images, les heures passent sans qu'on ne s'en aperçoive. Seule la rotation de la planète vous rappelle que le temps s'écoule !
Sur la Lune, le CN-212 conjugué à un oculaire Nagler de 17 mm, vous transporte littéralement dans l'espace. A 150x de grossissement, notre satellite apparaît en entier, et avec des amplifications supérieures, il dévoile ses cratères, ses failles, ses mers et ses chaînes montagneuses comme si vous y étiez, tant la quantité de fins détails est importante et tant la qualité et le piqué de l'image sont impressionnants.
Pour ce qui est du ciel profond, le CN-212, en Cassegrain à F/D 12,4, s'accommode très bien des objets de petite dimension et/ou brillants. Ainsi, les amas globulaires M15, M13 et M92, avec un Nagler de 12 mm (220x), sont parfaitement résolus en centaines d'étoiles. Les galaxies M81 et M82 apparaissent ensemble dans un Nagler de 31 mm et l'irrégularité de M82 est évidente. Pour ce qui est de M27, les haltères sont clairement apparentes.
Newton
Pour les objets de plus grande dimension et/ou plus faiblement lumineux, le kit Newton s'avère indispensable et très efficace.
Ainsi, dans un Nagler de 22mm, le champ réel est 2,2° ! On peut admirer les Pléiades en entier, de même que le double amas de Persée et les célèbres galaxies M31 et M33. La nébuleuse d'Orion M42 et les dentelles du Cygne montrent leur structure torsadée. L'amas ouvert M44, dans le Cancer … splendide ! La comète Linear WM1 étalait en novembre sa chevelure dans tout le champ de l'oculaire ! Autant d'images d'une finesse et d'une luminosité à couper le souffle. Cette configuration devrait très bien convenir à des prises de vues photographiques et CCD.
Les prix
Le CN-212 est commercialisé selon quatre formules (prix janvier 2002) :
le tube optique seul : 3457 Euros,
avec la monture équatoriale allemande EM-2 et trépied en bois : 6006 Euros,
avec la monture EM-10: 6771 Euros,
avec la monture EM-200 et trépied bois : 8514 Euros.
Takahashi construit des instruments de grande qualité et malheureusement cela se paie… A diamètre égal, les Takahashi sont parmi les plus chers du marché.
Conclusion
Le CN-212 est le télescope polyvalent par excellence. Avec ses deux focales, il permet d'accéder à tous les types de travaux que serait amené à réaliser tout amateur exigeant. La précision optique et mécanique est de plus au rendez-vous garantissant des résultats de grande qualité. Toute une gamme d'accessoires est en outre disponible pour le CN-212 aussi bien pour l'observation visuelle que les travaux photos ou CCD.
Chaque minute passée à l'oculaire du CN-212 est un réel plaisir, un plaisir durable que seuls les instruments de haute qualité sont en mesure de vous apporter.